Une nouvelle séance photo venait de s’achever pour la famille de Bourbon pour laquelle je travaillais depuis deux ans. J’étais devenue assez proche d’eux, moi qui n’avais jamais eu de famille à proprement parler. Mais cette séance photo avait été plutôt compliquée pour moi. Non pas que le cadre ou les modèles ne se prêtaient pas au jeu mais simplement parce qu’il y avait Meera… Meera c’était devenu comme ma petite sœur.

Un lien quasi fusionnel alors qu’elle-même avait déjà des frères et sœurs mais pourtant, nous étions tellement pareil sur tant de points. Nous profitions de la vie, parfois trop et c’est ce que nous valait aujourd’hui ce malaise. Un soir, un malheureux soir deux semaines plus tôt où, bien trop éméchées, nos corps s’étaient associés le temps d’une nuit. Jamais, bien que j’apprécie les personnes des deux sexes, je n’avais imaginé Meera sous cet angle.

Est-ce que j’avais aimé ? Oh que oui, honteusement… Mais ça, je ne pourrais pas lui avouer. Il n’y avait rien d’autre, cela n’irait pas plus loin et mes sentiments n’allaient pas au-delà de notre amitié, une amitié à laquelle je tenais bien trop pour me laisser aller une nouvelle fois à ce genre de désir. Après avoir rangé tout mon matériel, et tandis que chaque membre de la famille retournait à leurs tâches respectives, je continuais de cogiter.

M’apprêtant à repartir, je fis demi-tour, reposant ma valise et montant à l’étage. Prenant une inspiration, je frappai à la chambre de Meera, ayant besoin de lui parler, besoin que tout redevienne comme avant.

« C’est ouvert. » me lança Meera de l’autre côté de la porte. J’ouvris alors et sa réaction fut assez rapide. « T’as besoin de faire d’autres photos ? » Etait-elle en colère ou bien gênée ? Je n’arrivais pas bien à savoir. Je préférai cependant jouer la carte de l’honnêteté, n’ayant pas envie de faire semblant avec elle.

« Non les photos sont très bien, j’aimerais juste retrouver mon amie. » dis-je alors avant de venir m’asseoir au bord de son lit. « Aucune de nous deux n’a envie d’en reparler je pense mais j’ai pas envie que ça change nous deux, on a fait une connerie et ça ne se reproduira pas, on peut passer l’éponge tu crois pas ? » demandai-je. J’avais envie qu’on reprenne nos soirées ensemble et nos discussions sur tout et rien. Nous étions vraiment proches et ces deux semaines sans se parler avaient été un peu longues pour moi. Je ne suis pas à l’aise, sachant qu’en plus, pour elle cela devait être encore plus difficile à vivre, elle n’avait pas d’attirance pour les femmes normalement.

« Je repars seulement demain, on peut peut-être aller boire un verre ou sortir ce soir ? » proposai-je tout de même, espérant que nous allions quitter cette tension ambiante rapidement. Il n’y avait pour ma part aucune ambiguïté, elle était mon amie, ma petite sœur de cœur et c’était tout ce que je voulais.