Tout semblait se compliquer pour Leoh qui, finalement, se demandait ce qu'il faisait ici. Il était invité à une soirée, approchant l'alcool de très près. Un verre, deux verres, trois verres. Leoh les enchaînaient. L'angoisse le prit également. Il n'avait pas envie que ça finisse comme à Copenhague où il avait fini en pleurs après une cuite. Pourtant encore là, Leoh semblait avoir le mal du pays même s'il était loin de ses frères et de sa soeur. Malgré ses 19 ans, ses parents lui manquaient. Et même s'il avait imaginé plein de bêtises à faire pour qu'on le remarque, il commençait à avoir peur des conséquences. Un verre de plus et l'angoisse s'élimina. Il n'était plus un bébé, il était même majeur alors il faisait ce qu'il voulait, quand il le voulait.  Il parla avec quelques personnes mais il oublia de prévenir ses colocs qu'il risquerait de rentrer tard. En fait, il oubliait plein de choses. Mais tout allait bien.

La fête se finit et Leoh tenta de rentrer chez lui. La liberté lui plaisait mais elle lui faisait peur. La liberté dans un pays inconnu était traître. Mais Leoh devenait traître quand il repensa à la soirée de cet été qui avait été gâché. Au moins, ici, on ne lui demandait pas de venir pour faire venir ses frères. Au moins ici, il avait fini dans un collège qui semblait lui correspondre. Il l'avait voulu sa liberté, et il l'avait.  

Oh ce mal de crâne... Mes yeux brûlent... Et puis j'ai ce goût infect dans le fond d'la gorge... Pas de doute, c'est un lendemain de cuite. Je me redresse douloureusement, j'étais allongé sur un banc sur le campus. J'ai passé quelques heures ici et me suis endormi comme une loque, comme un clochard. Je pourrais presque en rire si je n'avais pas si mal aux cheveux. Je repose les pieds au sol, et je me mets la tête entre les mains, les coudes sur les genoux.
Un type passe non loin de là, un blanc-bec au teint pâle qui semble perdu, les larmes aux yeux, lui aussi il sort d'une soirée un peu trop arrosée. « Eh, t'aurais pas une aspirine par hasard? » Demandé-je au débouté la main tendue vers lui.

Leoh traîna sur le campus, n'ayant pas envie de faire grand chose et encore moins de rentrer. Il préféra rester et réfléchir à ce qu'il pouvait faire, la main dans sa poche. Le sachet non utilisé était encore là. Il n'y avait pas touché. Soudain, un type s'approcha de lui. Il avait du mal à dire s'il le connaissait ou pas. Il lui demanda une aspirine. Mais Leoh n'en avait pas alors il répondit:

"Désolé, j'ai rien du tout sur moi..."

 

« Meeeerde... J'vais me traîner ce foutu mal de crâne jusqu'à ce soir... » Dis-je en me massant les tempes en mouvements circulaires du bout des doigts. Puis je lève les yeux vers lui et l'observant, son sachet à la main je lui demande s'il ne veut pas s'asseoir avant de partir faire une connerie. « Ça a pas l'air d'aller l'ami. T'as besoin de parler? Vas-y, fais pas ta timide, assieds-toi. » J'essaie d'être le plus doux possible. Je voudrais pas le vexer ou lui faire peur. Mais avec ce vacarme qui hurle dans ma tête, c'est un véritable combat contre moi-même. Je me décale pour lui laisser de la place à mes côtés.

Leoh, ce gamin de riche à l'air si malheureux. L'argent ne fait pas le bonheur et Leoh le prouvait maintes et maintes fois. Il s'en fichait de l'argent. Il voulait être roi pour prouver à tout le monde qu'il était quelqu'un, qu'il n'était pas comme tous ces gens qui pensaient qu'il resterait le brave petit prince à sa maman. Il voulait prouver à sa fratrie qu'il avait aussi sa place. Mais l'angoisse le tenait entre ses doigts et il lui arrachait le coeur. Leoh souffrait. Il avait peur de plein de choses dont être le loser. Ne plus avoir la reconnaissance de sa famille et de ses parents. Rien que d'y penser son coeur s'emballait. L'inconnu lui faisait une place et Leoh s'assit à côté de lui.

"Je suis juste perdu...  sur ce que je suis ..."   répondit le jeune prince, qui n'avait pas envie que celui en face lui fasse la réflexion que tout le monde avait des problèmes plus préoccupants que les siens.


 

Princesse Raiponce, n’importe quoi. Une longue perruque blonde enfilée sur ton crâne, tu fais à peine deux pas que tu marches sur cette dernière par inadvertance. Ce défi est cruel. C’est vrai que tu ressembles à une princesse dans ce déguisement, mais t’as pas du sang bleu qui circule dans tes veines, t’es médiocre. Tu viens de la populace. Pourtant tu dois courtiser un homme ce soir. Tu dois le séduire malgré cet accoutrement. Un peu de blush’ sur tes joues et te voilà paré pour affronter la nuit. Les fêtes étudiants battent leur plein. T’entends même de la musique de ta chambre. C’est obligé que tu trouves de quoi remporter ton challenge. Pas de temps à perdre, tu dévales les escaliers de la piaule pour aller chasser. Ta longue tignasse qui caresse le sol et ramasse toutes les merdes, tu te balades sur le campus lorsque tes prunelles butent sur deux silhouettes masculines au loin. Bingo, tu remercies le seigneur, ta honte sera amoindrie avec un petit comité pareil. T’avançant vers eux, tu les salues d’un bref geste de la main et tu t’agenouilles aussitôt devant celui qui te semble le plus fébrile. Sérieux, l’autre semble sortir de taule, il est flippant. Gênée, tu te racles la gorge avant d’entamer ta déclaration faussement enflammée. « Mon prince » Délicatement, tu attrapes une de ses paluches et captes son regard brouillé « Ne soyez pas triste, vous êtes le plus chanceux de ce monde. Je suis à vos pieds ce soir et je vous avoue tout mon amour ! » Le forçant à se relever, le jeune homme reste le cul sur le banc et tu te sens bien conne. « Oui, je vous aime mon prince ! » Te mettant à danser comme un de ces stupides dessins-animé, tu virevoltes et chantonnes quelques notes. « Je suis vôtre et j’espère que vous pardonnerez mes péchés. Je n’ai d’yeux que pour vous. Je ne vis que pour vous, épousez-moi prince, je vous attendrais demain à minuit au palais Rockefeller pour avoir votre réponse, la nuit porte conseil » Et hop, tu disparais comme t’es venue, trébuchant sur tes tifs synthétiques et retrouvant in extremis l’équilibre. Vite, à boire, que t’oublies cette scène ridicule où tu as joué la comédie pour ces deux messieurs.