20h30, soirée tranquille, le match des Tigers contre Yale ne tarderait pas à commencer et Leonora n’en avait pas grand chose à foutre. Elle s’était résolue à rester sur le campus, aussi loin possible du stade, manger un petit truc avec quelques camardes et finalement retrouver sa résidence pour peaufiner son papier de Macroéconomie. Rien de bien passionnant, elle en était consciente, mais elle avait besoin de rehausser un peu sa moyenne avant que son père ne lui fasse une crise. Ouais, c’était le programme, mais, Charlotte en avait décidé autrement.
La voici donc dans un bar du coin à moitié vide, début de soirée et pourtant déjà bien éméchée. Son amie l’avait convaincue, comme d’habitude on ne sait pas vraiment comment, à foutre en l’air ses bonnes résolutions. Shot en main, elle riait bêtement aux blagues vaseuses d’un camarade et elle sentait bien qui si la soirée se poursuivait ainsi, elle ne verrait pas la nouvelle journée se lever. Putain, la Windsor et son pouvoir de persuasion étaient de vrais plaies.

Avalant une énième tequila avec une petite grimace qui voulait tout dire, la Whitman ne resta pas longtemps les mains vides et voilà qu’elle qui se laissait entrainer dans un concours de rapidité, on passait à la bière. L’horreur et mauvaise, très mauvaise idée. Un tour, deux tour les perdants se voyaient octroyer des gages et ne fallu pas attendre longtemps pour que vienne le tour de notre amie. Echaudés par les verres accumulés, ses sympathiques acolytes ne perdirent pas l’occasion de frapper un grand coup et ce fut Charlotte, encore, qui laissa tout le monde sur le cul avec son idée à la con. Bien décidé à ne pas laisser ses émotions du moment enchanter son auditoire, la rousse s’efforça de cacher son agacement alors qu’on l’entrainait déjà vers son dortoir. Quelle idée de merde putain, elle en aurait presque dessaouler. Devoir se faufiler dans la résidence des déchets en sous-vêtements et devoir demander à poser comme modèle photo…il n’y avait que la princesse blonde pour inventer un truc pareil.

Il ne fallut pas attendre trop longtemps pour voir notre jeune Hepburn s’avancer vers le bâtiment de Rockefeller. Elle avait l’air seule, mais elle sentait la présence de ses débiles de copains l’observer de loin espérant certainement apercevoir quelque chose ou s’assurer qu’elle relevait bien le défi. Précaution bien inutile, car elle aurait préféré vivre le reste de sa vie en haillons que d’avoir à affronter l’humiliation de l’échec. Resserrant la ceinture de son trench, elle s’avança vers les escaliers, prenant bien soin d’adresser un majeur bien dresser et pas très classe à ses condisciples. Ignorant lesquels rires qui s’élevèrent, elle s’engouffra dans la résidence.
Le hall était désert, heureusement que le match avait drainer les foules, s’était déjà assez mortifiant sans qu’une horde de rebelles écervelés ne la zieute dès son entrée. Prenant une grande inspiration elle ôta son manteau, révélant une peau opaline qui tranchait avec la dentelles bordeaux de ses sous-vêtement. Elle aurait volontiers rougit, mais l’alcool lui donnait un petit sentiment d’impunité et renforçait magnifiquement son je m’enfoutisme. En équilibre affirmé sur ses escarpins, elle traversa le hall et se rapprocha des escaliers, bien décidé à en finir au plus vite. "Il y a quelqu’un à loserland?"