Quelle idée s'est putain de défi. Quelle idée s'est putain de désir. A croire que quelqu'un chanter en costume de canard, était vraiment un signe de courage. A croire que le bizutage était vraiment un moyen sauvage. Désillusion totale par ces étudiants qui te forcent l'absurdité. Ils te forcent à dire des choses inimaginées. Des choses au dernier rang de tes pensées. inutilité. Tu n'avais rien approuvé. Rien du tout. Pas besoin de paraître bon, ni fou. Ton âme était menacé par la vanité de ses actions. Les veines cohagules, vaines, de sens, éronnées de significations. C'est contre-carré de lutter contre soi-même. C'est contre-carré de ruiner tout ses rêves. Tu perdais ta crédibilité, dans la puanteur de ce costume. Une couleur jaunâtre qui empeste la transpiration. L'amertume des aisselles qui attirent toutes les conspirations. Juste pour ce fameux défi. juste pour ce putain de bizutage. Alors que tu aurais pu passer ton temps à noirçir des pages. Du gachis de ton temps. Le costume à l'air, les plumes au vent. Tu devais le faire, que tu le veuilles ou non. Une grande respiration. Assez grande pour oublier. Oublier ce qui t'entoure, ceux qui t'ont épié. Perdre la notion d'entourages, la notion de public. Assez longtemps, pour chanter, des poésies illogiques. "C'EST LA DANSE DES CANARDS, QUI EN SORTANT DE LA MARRE. SE SECOUENT LE BAS DES REINS ET FONT COIN-COIN. FAÎTES COMME LES PETITS CANARDS ET POUR QUE TOUT L'MONDE SE MARRE REMUEZ LE POPOTIN EN F'SANT COIN-COIN... Une chanson qui paraîssait moins longue dans les comptines. Une chanson qui gardait son ère inutile, limpide. Des pas de danse que tout le monde connait. La danse des canards. Une inutilité hors-norme quand les muscles se tendent. Ils rigolent, les gens autour. Mais tu n'entends rien. Ce costume de canard te tue les oreilles. Véritablement, il t'aide. Tu ne fais que chanter à tue-tête. Des paroles incensées, des pas de sens endiablées. Juste assez pour te décompressé.

En bas, une soirée débat improvisée. T’essaies de réviser, mais la musique n’aide pas vraiment. Tu ne comprends pas comment une fraternité connue pour être le berceau de l’élite de cette université, un repaire pour érudit, pouvait parfois se transformer en repère pour adolescents attardés tout juste bon à descendre des bières en débattant sur des sujets puérils. T’essaies de te concentrer, bien trop consciente de la réalité et des enjeux de l’université, mais des rires entêtés te parviennent à l’oreille. Pathétique poésie. Tu pestes intérieurement. Tu balances un bouquin contre la porte de ta chambre. Comme si ça allait y changer quelque chose. Tu laisses les billes qui te servent à lire rouler dans leurs orbites. Exaspération. Contre eux. Contre toi. T’étais peut-être mieux dans ton ancienne fac, après tout. Tu soupires alors que les rires raisonnent de plus belle. Et puis, soudain, s’en est trop. Tu bondis de ton siège, hors de toi, t’extirpes à ton cocon et rues dans le couloir pour arriver aux escaliers en moins de temps qu’il ne t’en faut d’habitude…

Et là, débarquant dans la salle principale, quelle n’est pas ta surprise de tomber nez à nez avec un énorme canard caquetant à tue-tête en se secouant le popotin. Et les rires qui raisonnent de plus belles. « Non mais vous vous foutez de moi ? C’est quoi ici, une maternelle ou une université ?! » Et l’autre qui continue à se dandiner et à beugler, des plumes virevoltant tout autour de lui. Alors, ni une, ni deux, t’attrapes le paquet de cacahuètes qui traine sur la table basse, au milieu des cadavres de canettes de bière, et tu lui en balance quelques-unes sur le coin du bec « Hey Daffy Duck, t’as pas autre chose à faire de ta soirée ?! »

C'était une chanson qui avait populé ton esprit. Un rythme maléfique qui te fait danser jusqu'au bout de la nuit. Des pas de canards qui te font souffrir les mollets. Des refrains qui hantent tes pensées. Ton coeur s'accélère quand la population s'agglomère. Ton esprit obtempère et se noit dans l'inutilité. Un bizutage complèement inutile dans ce costume de canard. Autrefois, les bizutages étaient plus coriaces. Se laisser fouetter pendant 2 minutes. Se faire plaquer par des joueurs de football américains. Plus de douleurs mais plus de plaisir. Contradictoire  à cette danse que tu savoures dans ce costume bien trop marginal. Tu te perds dans tes paroles à force de retenir ta salive. Ta gorge s'assèche, les yeux aussi. La sueur dégouline, laissant un goût amère dans ta bouche. Les jambes sont frèles, imbibés de transpiration. C'était le chaos dans l'envers de ce costume. Les yeux qui balbutient dans cette chaleur émiratie. Les quarante degrés Celsius qui sont battus à plate couture, cette danse et cette chanson, qui venaient de ruiner ton futur. Tu te fais interrompe par cette femme. Cette étudiante, studieuse qui a l'air d'être bien plongée dans ses livres. Tu te sens coupable. Coupable de ce vacarme, sang des Forbes contre ton sang patriote de vénérer les femmes. Ton sang vénimeux te dit de te faire pardonner. Comment oserais-tu déranger une étudiante aussi calme ? Tu enlèves ton casque de canard. Tu respires l'air. L'oxygène qui t'avait manqué pendant tout ces couplets. Tu t'approches d'elle, grognant tel un ogre. L'air pur pourrit tes poumons, en manque pendant un long moment. Tu ne sais pas à quoi tu ressembles, les cheveux ébourifiés. Les yeux presque rouges, cerveau de toutes les gouttes de sueur. Mais tu y vas quand même. "Tu sais, princess Peach, les défis sont toujours dérangeant, pour moi et pour toi. Mais c'est bon, je l'ai fini, merci de m'avoir sorti de cette merde. J'peux te proposer quelque chose en échange ?" Tu avais encore ton costume de canard, alors pourquoi te prendre au sérieux ? Tu lui demandes clairement de te faire pardonner. Directement. Sans tact. La vie était déjà assez dure pour que tu commences à hésiter. Cette soirée avait mal commencé, mais peut-être que par son visage, elle ne faisait que débuter.

Son masque de canard qui laisse apparaitre une épaisse chevelure châtain ébouriffée. Le tout recouvrant un visage marqué par ces quelques minutes de chaleur et d’enfermement sous un épais masque de canard en peluche. Des perles de sueur. Un visage que tu ne reconnais pas. Et soudain, une alarme se déclenche dans ton cerveau. Encore un défi. Ces saletés de défis. Tu grimaces. Dire que tu attendais encore qu’on te lance les tiens. Barbarie de coutume. Bizutage d’un ancien temps, pour prouver sa motivation et sa valeur. Tu laisses tes yeux rouler dans leurs orbites, triste habitude qui te donnait l’air encore plus hautaine que tu ne l’étais déjà. « Tu sais, princess Peach, les défis sont toujours dérangeant, pour moi et pour toi. » Tu grimaces. Bientôt ce serait ton tour. Et à le voir là, debout au milieu d’une confrérie qui n’est pas la sienne, ridiculisé et dégoulinant de transpiration, t’as presque de la peine pour lui. De la peine pour toi, dont le sort n’allait plus tarder à être tranché. « Mais c'est bon, je l'ai fini, merci de m'avoir sorti de cette merde. » Timide sourire du bout de tes lèvres. Tu ne sais pas vraiment comment réagir face à ce remerciement. A la base, tu cherchais pas vraiment à lui rendre service, juste à le faire dégager d’ici pour reprendre tes révisions où tu les avais laissées. Égoïste petite intello. « J'peux te proposer quelque chose en échange ? » Cette fois, c’est un franc rire qui s’échappe à tes lèvres. Tu ne t’y étais pas attendue. Et, ce dernier rictus d’énervement disparait de ton visage. Il avait du culot, on ne pouvait pas lui enlever ça… Bras croisés contre ta poitrine, t’esquisses un pas dans sa direction, réduisant davantage l’espace entre le canard et toi. « Je dirais que tu me dois une séance de révisions… Mais quelque chose me dit que t’es autant à ta place dans une bibliothèque que dans l’antre des Mathey… » T’as jamais eu tendance à tomber facilement à ce genre de propositions trop directe qui ont tendance à te décontenancée. Tu préfères piquer, quitte à t’attirer des foudres. « Ceci dit, vu l’heure et la tonne de révisions qu'il me reste, je ne dirais pas non à un café… »

Les Mathey c'était pour toi les recalés. Ceux qui se trouvent toujours à la fin des files d'attente pour le Bubble Tea. Les Mathey, c'est ceux qui recyclent leurs vêtements pour ne pas polluer la planète, boivent dans des pailles en acier pour sauver les tortues, mettent des capteurs de rêves dans leurs chambes d'étudiants. Les Mathey, c'était les seuls à Princeton à ne jamais chercher à se démarquer, les érudits, les enfouis, tu les aimais bien. Bien que différent de ta personne, préférablement qu'ils te détestent, tu les aimes bien. Ceux qui sont discrets mais quand ils parlent, ils le font bien. Ceux qui connaissent leurs potentiels, donc ne le gachent pas. Les Mathey, c'est l'équilibre. Et cette fille devant toi, c'était la preuve. une preuve vivante que les Mathey, c'était une bonne confrérie. Elle est honnête avec toi, elle ne veut pas se voiler la face à être quelqu'un d'autre. Chose que les Rockfeller auraient fait longtemps. Elle est droite, directe tout en restant sur ce ton de politesse, cette politesse innée des femmes. "Sid, cinquième en littérature art oratoire. J'te conseille de mélanger les deux et d'emmener tes livres au bar. Des minutes toujours utiles." Tu la regardes avec ce visage toujours dégoulinant. Ce visage encore choqué, marqué par ce bizutage. Ce corps, quant à lui, est marqué au feutre indélébile. Ce costume que tu n'auras pas besoin d'enlever. ce costume que tu ne voudras pas enlever. simple raison qu'il n'y a rien dessous. Inutile de le cacher, tu décides de le garder. garder ce amas de plumes jaunes qui t'envahissent. une bonne soirée qui s'annonçait."Je t'attends ici. Je ne te connais pas assez pour venir dans ta chambre." C'était étrange de ta part, d'être aussi directe. Tu n'avais pas un gramme d'alcool, pas un seul vert de boisson alcoolisée, que tu perdais tes mots. tu vomissais des phrases qui ne te ressemblent pas. à croire que la chaleur te faisait mauvaise effet. peut-être qu'au final, tu t'aurais bien déshabillé.

« Sid, cinquième en littérature art oratoire. » T’arques un sourcil, désarçonnée. Comme à chaque fois qu’on te battait à ton propre jeu. N’ayant de cesse d’être surprise de voir qu’un autre individu puisse être sur la même longueur d’onde que toi, intellectuellement parlant. Tu prends sa réponse comme un défi. « Alice. Curieuse d’en apprendre plus sur Sid le canard… » Tu laisses volontairement ta phrase en suspens, comme si tu t’apprêtais à ajouter quelque chose, le jaugeant du regard, te demandant vraiment s’il pourrait t’apporter quelque chose. Car après tout, tu n’avais toujours compté que sur toi-même. Celle qui aidait les autres dans leurs révisions, en général, c’était toi… « J'te conseille de mélanger les deux et d'emmener tes livres au bar. Des minutes toujours utiles. » Désarçonnée. Encore. « Forbes ?! » Une telle confiance en soi, un tel aplomb, et ce avec un costume des plus ridicule sur le dos, la conclusion s’imposait d’elle-même. Pourtant, l’intonation de ta voix laissait présager qu’il s’agissait d’une question. Comme si la première affirmation, concernant son rang en classe, te laisser douter de ta déduction…
« Je t'attends ici. Je ne te connais pas assez pour venir dans ta chambre. » Ton regard cesse de le scanner comme on regarderait un animal en cage dans un laboratoire. De nouveau, tu laisses échapper un léger rire, à la fois amusée et joueuse. « Ah bon ? Quelle déception… Dans ces cas-là, tant pis mais… » Tu baisses les yeux, feignant la déception. Puis, tu portes une main à ton menton, mimant la réflexion. « Qu’est ce qui te fait croire que je vais redescendre pour passer une partie de ma soirée avec toi ? Je n’ai jamais dit que j’acceptais ta proposition… »

toi tu domptes les mots. tu adoptes les virgules pour en des points. tu es littéraire. fils de Baudelaire. écrivain dans l'air. cousin d'Apollinaire. tu rêvetis fièrement cette casquette de littéraire. cette casquette qui te mélange à ceux qui n'ont rien à faire que de se plonger dans les livres. ceux qui passent des nuits dans la bibliothèque. ceux qui regardent Roméo et Juliette. ceux qui crient les bien-faits de la lecture. ceux qui jouïssent des rimes et des allitérations. ceux avec qui la langue pend pour les figures de style. tu n'as pas honte d'être ce que tu es car au final, tu ne les pas. tu n'es pas celui qui va parler de manière à ce que les rois de France comprennent. tu n'es pas celui qui va convaincre de lire. toi tu es libre. tu laisses les genre t'insulter. tu laisses les gens te juger. mais les paroles s'envolent, quand les écrits se collent. mais elle, tu la laisses te critiquer. tu la laisses faire tout ce que tu veux avec toi. tu ne sais pas ce qu'elle te fait, mais tu y vas."Si tu es déçue, je viendrais pour toi. Rare sont les personnes qui veulent un canard sur deux jambes dans leurs chambres." Il est vrai, par ce brin d'humour. Ce zeste de sarcasme que la situation serait étrange. Un costume à peine froissé par les mouvements vastes que tu avais fait, les cheveux volés par la luxure de la transpiration, c'était un cas très particulier. "Tu as déjà raté dix minutes de révisions, ce n'est pas rentable d'assumer cette perte. Autant partir autour d'un café, tout en révisant. Après ceci dit, libre à toi de faire ce que tu veux, je voulais juste être pardonné. Je connais cette douleur d'être interrompu pendant des révisions." Triste vérité, à Forbes on ne nie pas l'occasion. Cette occasion de crier au plus haut de tes tripes pour pouvoir déranger les autres. Quand le point final va être poser, le dernier verbe incanté et que tu te retrouves à sursauter par des cris noyés. C'est un cauchemar que l'on vit dans cette fraternité. Alors, autant te faire pardonner.