Il te triture les méninges ce bout de mec. Avec sa philosophie positive, tu te sentirais presque gavée, prête à te foutre les doigts au fond de la gorge pour vider ce trop-plein sur ton estomac. Mais peut-être que tu devrais t’entourer de ce type de spécimen. Des gens qui voient le verre à moitié plein plutôt que vide. Parce que tu es née comme ça toi, à être torturée pour que dalle. Tu vois des montagnes qui se dressent en permanence devant toi. Tout te paraît dangereux, tout semble infranchissable. Il a sûrement raison, tu devrais te lever et bouger de ta caverne obscure. Ça ne tient qu’à toi. Personne ne s’intéressera à Monroe Clerembault si elle reste retrancher dans l’noir. C’est juste compliqué de tout changer alors qu’on a vécu ainsi, à multiplier les échecs. Ta cuisse peu épaisse qui cogne dans une table, tu pousses un juron contre cette dernière avant de t’avachir sur une banquette pour éviter une nouvelle chute. À l’abri, enveloppée par une couverture de chaleur offerte par le chauffage du bar, tu te reprends peu à peu en t’intéressant notamment à ce bonhomme sorti de nulle part. Première mission, obtenir son prénom. Plus de bifurcations, trois lettres tombent. Sid. C’est concis et efficace. « Oh, comme le paresseux dans l’Âge de Glace, mon perso préféré » Bon, il n’a rien de sexy, mais il est tellement chtarbé cet animal. Passé les vingt ans, il te fait toujours mourir de rire. « Elle attendait son prince ? Un bisou pour la sortir de son sommeil, mais un joint a finalement fait l’affaire » Tu glousses de plus belle et aplatis la carte sur la table. Tes prunelles d’une couleur insaisissable dévorent le papier cartonné. « J’ai envie de salé et de sucré à la fois. J’vais prendre un wrap et un fondant au chocolat, même si le donut plein de glaçage me tente aussi. Et toi ? Que puis-je t’offrir ? » Ouais, qu’est-ce que tu pourrais lui offrir pour éviter de lui causer de tes troubles alimentaires hein. T’as pas envie que son regard change sur toi, pas encore. -@Sid Rockfeller 

il y avait un certain mystère que tu avais déjà connu. ce mystère dans ses paroles. un point d'interrogation à chaques fois que sa bouche s'ouvre. des points de supsension à chaques points qu'elle pose. cette fille-là, c'était encore un mystère. un mystère, légèrement moins que celle que tu avais rencontré dans la rue, cette barbie que tu avais acosté, elle c'était autre chose. Monroe, elle était plus standard. Dans les règles. Dans les conventions qu'on avait instauré en tant qu'étudiant. Elle, tu pouvais légèrement sentir ce zeste de commun dans sa voix. Une légère douceur d'une normalité au fond d'elle, heureusement car tu te serais déjà bien perdu. Au final, ça à l'air d'être elle qui se perd dans tes paroles. C'est elle qui se noit dans tes figures de style bien trop osées, surtout avec une Rockfeller. Mais tu t'en fous, d'un côté, tu veux la faire vivre. Tu veux la faire comprendre que la vie est belle. Chose que beaucoup d'étudiants, peinent à comprendre, doutent encore, hésitent à profiter. Du coup, tu fais des efforts. Du moins, c'est encore et toujours fun de lui parler. A partir du moment qu'elle ne t'insulte pas. "Je suis ton homme préféré alors, ça tombe bien." Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu cette remarque. Clairement depuis le collège. Mais ça prouve cette innocence dans sa voix, dans son esprit. C'est une fille que tu adorerais avoir comme petite soeur. Mais au final, tu ne sais même pas vraiment qui elle est. "Vois ce joint comme la chaussure de Cendrillon, le Saint Graal, l'Epée du Roi Arthur. C'est clairement plus précieux qu'un baiser." Dans ton point de vue, c'était vrai. Un joint, c'est le cadeau qu'on a tous voulu. Un joint absolument bien fait, léché fraîchement, rempli par des herbes bien que bien taillées, parfaitement placées. C'est vraiment une oeuvre d'art que tu lui as offerte. Tu n'as pas besoin de la carte, tout les bars font des café. Tu te cantonnes à un café et un biscuit. Juste assez pour rester en vie face à elle. Juste assez pour te plonger dans ses paroles. "Juste un café et un petit biscuit avec. C'est assez pour me faire tenir debout, j'ai pas envie de devenir comme toi." A force, tu oublies qu'elle s'était évanouie. Tu oublies ce qui s'était passé. Mais tu gardes en tête, ce corps démembré que tu avais remarqué. Tu te rappelles de ce corps qui traîne sur un banc, alors qu'il ne devrait pas. C'est original. C'est hors-du-commun. Assez pour rester, au fond, dans un coin. "Mais d'ailleurs, qu'est-ce que tu foutais là ? C'est un trou perdu ici... Faut clairement pas que tu restes ici trop longtemps, surtout étant faible." c'est un automatisme déjà. tu veux la prendre sous ton aile. le grand frère que tu n'as jamais été, revient au plus profond de toi. tu as envie de lui apprendre la vie, de lui faire montrer les couleurs du monde. profiter de la vie, avant qu'elle se finit.

T’es clairement en train de flirter. Les flatteries sont gratuites. Tu planes. Tu existes dans ses yeux. Il te remplume de son attention et c’est déjà beaucoup. Tu te trimballes avec un poète, encore inconnu au bataillon il y a moins de dix minutes. Non pas qu’il te fasse chavirer, mais c’est agréable. Rien n’est calculé, tout s’ajoute petit à petit. Comme les ingrédients d’une recette. Est-ce que la préparation finale est réussite ? Tu ne saurais le dire, c’est un peu précipité, mais le contact est bon. Il est plutôt percutant Sid. Une espèce en voie de disparition. Pourtant, tout avait mal commencé. Très mal. Un joint en guise de geste de secours, personne n’a encore jamais vu ça. « Plus imaginatif surtout. T’es barge mec » Ton cerveau toujours anesthésié, tu te jettes sur la carte pour exterminer ces sensations qui te perturbent. Assez vite, tu repères ce qui pourrait mettre en joie ton organisme et proposes alors au jeune homme de se faire plaisir à son tour. Sa commande est courte, rien d’extravagant. T’omets bien entendu son commentaire sur ton état pitoyable un peu plus tôt. Faut pas que ta susceptibilité éclate. Un serveur passant près de vous, t’en profites pour glisser les éléments que vous avez sélectionnés à ses oreilles pointues. « Je travaille à l’hôtel Nassau Inn. Ça arrondit les fins de mois, quand ma fierté m’empêche d’aller pleurnicher auprès de papa et maman tu vois » Non, peut-être qu’il ne voit pas. Peut-être que Sid machin chose n’a pas de brillants parents qui paient ses études hors de prix et tout le reste. Tu ne connais rien de ce bonhomme. Mais tu aperçois quelques bribes de sa personnalité. Il est protecteur. Rêveur. Plus sensible qu’il ne l’a laissé paraître dès les premières secondes de votre rencontre. « Bon, tu me sembles être un fin connaisseur des collèges de Princeton, tu fais partie de l’un d’entre eux ou tu en as fait partie ? » Tu perçois tellement de ressentiment dans sa façon de causer sur ce sujet. Sûrement une mauvaise expérience. « Ou alors t’as eu une petite amie chez les Whitman et elle t’a démolie le coeur ! »  -@Sid Rockfeller 

c'est un visage d'ange. une douceur qui perdure. une légère obscurité dans son esprit face à une bouille encore de bébé, peau illimité, revêtue d'un duvet intime. son visage n'allait pas avec ses paroles. des phrases vaines qui ne riment pas. des points qui ne rhyment pas. des virgules qui ne courrent pas. son visage, tu le vois, tu le perturbes, tu le décris obstinément. une douceur, une fille angélique qui ne connait la vie que par ses yeux. ses globuleux qui s'épanouïssent dans la jungle sociale. au final, tes yeux se trompent. myope, peut-être, tu fais faux pas. d'après les figures de stye, la vie se noricit sous ses mots délicats. c'est bizarre de voir une tant de ségrégation. une différence du physique que du mental. toi, ça te fait mal. du moins, ce n'est que ton point de vue. "J'aurais préféré entendre "tu n'es pas normal" au lieu de barge. C'est plus joyeux." Il est vrai. Les mots te connaissent. Tu les connais, tu les retourne contre toi. Assez pour laisser ton sourire apparaître, les fauscettes se réveillent. Tu ne te cache plus. Avec elle, tu sais qu'elle ne va pas t'insulter, plus maintenant. Tu as fait assez de choses pour lui prouver le contraire. "Tu veux me payer un café, alors que tu arrondis tes mois ? C'est une blague, je te le paye." L'argent n'a jamais été un problème pour toi. Fils d'un millionnaire, frôlant les milliards, fils d'un gérant de multi-nationales, l'argent, tu as grandi avec. Tu as mangé dans de la soie, maintenant tu as envie de vomir les billets. Dans les situations comme telles, tu n'as plus peur de parler d'argent. Cette frayeur ne te parvient plus. L'estime prend le dessus. Juste le dessus. "Forbes, qui n'a jamais eu le coeur à donner, du moins pas encore. Mon coeur est intacte, ne t'inquiète pas. Ma vie est encore toute rose, maintenant, c'est à ton tour." Cette fille-là, sa voix grésille. La saturation quand tu essaies de comprendre. Tu savais qu'au final, on est pas tous heureux dans ce bas monde. La preuve, la fille devant toi, en a connu plus que des biens bonnes, des biens noires, travailler dans un hotel, pour se faire de l'argent. La différence de quotidien, c'est incroyable. Tu te fonds dans ses yeux, inoubliable.

Espèce de saule pleureur avec tes bras ballants et tes yeux tombants sous le spleen. Tu chouines pour des broutilles, pour des peines de coeur, d’amitié et une perte de sens que des tas de gens t’envieraient. Pendant que tu t’apitoies sur ton existence, d’autres meurent de faim, de soif. Et lui, il est là. Il arpente les rues de Princeton en creusant sur tes maux. Il t’écoute te lamenter tout en essayant de te ramener auprès de la vie gorgée de couleurs. Peine perdue. Sentant que tu as une dette auprès de lui, tu proposes alors de lui payer l’intégralité de sa commande, mais son bon coeur fait barrage. « Je le fais typiquement pour ce type de situation, pour les imprévus » Tout le reste, c’est payé par tes vieux. Ce sont les extras que t’as décidé de financer avec un job. Il mérite amplement quelques dollars froissés, plus même. Tu pètes volontiers ta tirelire pour lui. Il t’a sorti d’une position si inconfortable. « C’est mon jour de chance. J’connais enfin l’identité du bon Samaritain » Sid. Simple comme bonjour. Tes orbes qui circulent sur son visage anguleux, tu commandes en un coup de vent avant de te re concentrer sur lui. Le bar est désert à cette heure-ci, c’est le creux de la journée. Le croisement entre les étudiants et la population active. Fascinée par ses bouclettes soyeuses, tu ne perds pas pour autant le nord. Ta mémoire n’est pas parfaite, mais tu te souviens très bien de ses allusions sur ton appartenance à un college du campus. Investigation lancée, tu es aussitôt informée du lien qui unit ton sauveur à Princeton. C’est un membre des Forbes. Petite déception. T’as toujours eu l’impression que les adeptes de ce collège se croyaient supérieurs en tout point. On dira que Sid est l’exception. Les doigts qui tapotent la table, un serveur se poste près de vous pour déposer le contenu de son plateau. Les odeurs se mélangent. Ton cerveau est au paradis. Une politesse et le tête-à-tête reprend. « Rockefeller au coeur en morceaux. Contrairement à toi, je l’ai trop donné, on l’a piétiné et il n’en reste plus rien. » Tes dents blanches qui croquent dans le sandwich, tu froisses ta serviette entre tes mains pour essuyer tes lèvres dégoulinant de sauce. « Je dois apprendre à me protéger, j’ai jamais mis de carapace, j’tombe trop vite. Un mot doux et le tour est joué. Si t’es aussi psy, ça devrait t’indiquer que j’ai manqué d’attention plus jeune » Parents à l’ouest, obsédés par leur carrière, t’as cherché ailleurs l’amour qui faisait défaut à la maison. Tu l’as attrapé n’importe où, qu’importe les répercussions. « Yo, tu vas en savoir plus que quiconque sur moi alors qu’on ne se connaît même pas. À toi un peu, quels sont tes objectifs en finissant l’université ? »  -@Sid Rockfeller 

tu n'as jamais eu de soeurs, ni de frères. l'hériter de la famille Rockfeller. le successeur, le sang qui est sur tes épaules. la déscendance ne repose que sur toi. tu es le dernier homme de la famille. tu as fabriqué cette indépendance. cette facilité à vivre seul. les yeux fermés, les jambes qui s'enchaînent. tu n'as besoin de personnes pour avancer, pour réussir, pour voler, pour finir. tu n'as jamais eu ce soutien que les frères et soeurs ont. cette amour que ta soeur t'aurait donné. cette aggressivité que ton frère t'aurait donné. tu n'as jamais eu cette sensation de faire partie d'une fratrie. et tu n'as jamais voulu savoir. un fils, c'est déjà bien, disent-ils. un homme, c'est assez. affirme-t-elle. les Rockfeller, n'ont pas besoin d'une autre chambre. ils en ont déjà un, Sid, une tâche qui se propage, une tâche qui fait mal. inutile d'en vouloir un autre. mais face à elle, tu sens cette sensation de protection. du moins, cette attachement qui t'attire. la faiblesse trop flagrante. "Je ne vais pas persister. En tout cas merci." Tu lui remercies de te payer ce café. Tu lui remercie de t'avoir fait connaître ce sentiment-là. Ce sentiment que toi, tu n'avais jamais ressenti. Que tu avais loupé étant petit. Que tu avais rêvé, étant donné. Que tu avais oublié, étant édudiant. Ce sentiment d'avoir de l'ampleur sur quelqu'un. L'étreinte difficile qui te fait réfléchir. Les paroles métaphorées qui te font vauguer. Tu avais enfin cette lueur qui illumine ton coeur. Peut-être que tu ne devrais pas te réjouir. Du moins, pas si tôt. "On apprend toujours de nos erreurs. Parfois, les mauvais choix en font des bons. Si tu regrettes, ça ne va jamais changer." Les regrets, c'est la pire des douleurs. Cette flamme qui te consumme au plus profond de toi. Cette épine qui plonge sous ta langue quand les images sont ressassées. La griffure qui ravive en toi, les souvenirs dégueulasses. Tes choix pitoyables qui t'ont fait venir ici. Les regrets, ce ne sont que des plots que te mets la vie. A toi de les esquiver, à toi de les oublier. Au fond de toi, Sid Rockfeller, tu en as des regrets. Mais pas assez importants ou trop vite oubliés. La vie est faite pour être savourée, pas pour être repensée. Tu avances, la langue qui sirote ce café. Tu avances toi, sans vraiment réfléchir. "On se connait maintenant. Je suis en littérature et philosophie. Mais je suis plus intéressé par la littérature, les lettres et tout ces trucs. Je compte bien me lancer dans le journaliste, rédacteur quelque part. Mais je me tâte aussi à devenir auteur. Je suis encore indécis. A toi de m'aider." Tu aimes bien récolter l'avis des autres sur toi. Le sourire mesquin qui prohibe ton visage. T'as envie de savoir ce qu'il pense de toi. Le fumeur qui veut devenir écrivain. L'alcoolique, rédacteur. Un rêve contradictoire. Au paroxysme dérisoir.

Un instant hors du temps. Tout est en pause. Tout ce poids sur tes épaules te semble plus léger. Temporairement, il te délivre d’un mal qui te ronge depuis l’éternité. Il allège ton âme maudite qui n’incarne que des êtres tourmentés depuis des générations. Aucune fabrication, aucune fausseté. Tu ne mens pas à ce pur inconnu, bien au contraire. Pas besoin de divan, cette chaise casse-cul et son regard ambré suffisent. Monroe est souriante. Elle oublie les casseroles qu’elle traîne derrière elle et qui font d’habitude un vacarme pas possible. Là, tu respires, sans cette pression qui taquine ton coeur. « T’as raison, c’est vrai, si je n’avais jamais vécu tout ce que j’ai vécu, je ne me serais peut-être jamais échoué sur ce banc » Et vous ne vous seriez jamais rencontré. Tu n’aurais jamais pu avoir cette discussion et vouloir modifier ta philosophie quotidienne. Quel gâchis. Tout ce pessimisme qui t’entoure détone avec l’optimisme de ce garçon. Qu’il n’est pas encore claqué la porte de ce charmant petit café t’étonne. Affamée, tu lances une question au brun avant de craquer sur ton sandwich. La salade pressée sous tes dents t’abreuve de son eau. La sauce ravit tes papilles. Les petits dés de poulet viennent te recharger en protéines. L’orgasme culinaire n’est pas loin pour le fil de fer que tu es. « Hey, tu m'as pris pour une conseillère d'orientation ou quoi ? Mais pourquoi ne pas envisager les deux ? L’un n’empêche pas l’autre. Des tas de journalistes publient des livres. En tout cas, si tu y parviens, je veux une longue dédicace sur ton premier bouquin ! » T’imagines déjà le mot inscrit sur le papier, ‘à la baleine anorexique échoué sur ce banc de princeton’. Pathétique. Est-ce que tu veux vraiment que tous les gens que tu rencontres gardent une image si morne de toi ? Bouge-toi un peu Clerembault. Ta boucle d’oreille qui roule sous tes doigts, tu le fixes et soupires en déposant le bout de ton wrap brodé de tes dents. « Dis-moi .. » Ta main qui descend à côté de toi et qui palpe ton sac, tu en sors ton téléphone et le déverrouilles « J’pourrais obtenir ton numéro ? En cas que je m’effondre en plein campus ? » Pas sûr qu’il voudra gâcher un de ces joints pour te ranimer, mais ne serait-ce que son sourire pourrait facilement t’aider à te relever.  -@Sid Rockfeller